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Alopécie de traction : quelles sont les solutions ? (partie 1)

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Le point sur les causes de la perte de cheveux et sur la prévention du phénomène alopécique avec le Dr. Philippe Assouly et Gersende Moysan, spécialiste du cheveu crépu au centre Clauderer.

L’alopécie peut être liée à différents facteurs : hormonaux, environnementaux ou pathologiques (teigne, pelade etc.). Or, l’une des causes de la perte de cheveux fréquemment rencontrées chez les femmes afro-antillaises est due à la mise sous tension des racines, ou follicules pileux, provoquée par les habitudes de coiffage et certaines techniques de coiffure. Explications et passage en revue des différentes solutions pour prévenir l’alopécie de traction ou ralentir le phénomène.

Qu’est-ce que l’alopécie de traction ?

L’alopécie de traction (AT), est une perte plus ou moins considérable des cheveux sur les zones du cuir chevelu fortement sollicitées. La traction exercée à cause de coiffures souvent trop serrées fait s’éloigner la tige capillaire de sa cavité, entraîne progressivement une chute de cheveux, et limite la repousse. Les zones les plus concernées par le phénomène sont celles qui se situent au niveau des tempes, à la lisière du front, sur les côtés – au niveau des oreilles – et à l’arrière de la tête « Un cheveu crépu est implanté en sous-cutané entre 2 et 3 mm, alors qu’un cheveu européen va être implanté en sous-cutané entre 5 et 8 mm. Le cheveu crépu est presque à la surface de la peau », explique Gersende Moysan, spécialiste du cheveu crépu et métissé au Centre Clauderer (spécialisé dans le traitement de la chute de cheveux). Et de compléter : « Dès qu’on tracte un cheveu crépu, celui-ci va tomber beaucoup plus facilement qu’un cheveu européen. Un cheveu européen va se casser alors qu’un cheveu afro va avoir tendance à s’arracher complètement ». En outre, « pour un cheveu afro, il y a moins de cheveu au centimètre carré qu’un cheveu lisse, il y a une fragilité augmentée des cheveux et peut-être une croissance un peu plus lente aussi. Donc, on part avec un léger handicap, analyse Philippe Assouly, dermatologue au Centre Sabouraud et co-auteur de l’étude Les Alopécies par traction (Annales de dermatologie et de vénérologie, 2013)*.

Alopécie de traction : les habitudes capillaires à risque

L’alopécie de traction est due à la réalisation de coiffures et aux poses de compléments capillaires (extensions, rajouts etc.), répétitives créant une forte tension sur les racines.

> Les coiffures trop serrées et trop lourdes réalisées à répétition

 

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Tresses collées africaines portées par Ciara (c) Getty Images, Jason Merritt

Les coiffures afro qui sollicitent beaucoup le cuir chevelu comme les tresses collées, mais aussi traditionnelles comme les chignons très tirés réalisés à répétition, gênent la circulation sanguine au niveau des racines et créent de l’alopécie de traction (voir tableau). « La fin de l’implantation se termine sur la bordure du visage et de la nuque, éclaire Gersende Moysan. Sur cette zone, les follicules pileux (les racines, ndlr) sont beaucoup plus petits et faibles qu’à l’intérieur de la tête ». Il est donc vivement conseillé d’éviter de trop serrer les tresses au niveau des tempes et de la lisière du front. Au même titre qu’il est important de ne pas créer de traction supplémentaire en portant des rajouts de cheveux trop lourds, sous peine de voir apparaître des zones du cuir chevelu clairsemées ou un recul de l’implantation capillaire. « Un cheveu se régénère au bout de 3 mois. Mais à force de faire des tractions, la régénération est plus difficile et le cheveu va être de plus en plus faible jusqu’à ce que les pores de la peau, la cavité, se referment complètement », analyse la spécialiste.

 

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« Alopécie par traction », Annales de dermatologie et de vénérologie, (2013)

> Alopécie de traction : Les gestes de coiffage dès l’enfance

Gersende Moysan rappelle à l’ordre : « Il convient être vigilent dès la plus jeune enfance – le cheveu n’est pas encore adulte. Il faut faire attention à ne pas tracter les cheveux des bébés en les nattant trop tôt. On a des enfants qui viennent avec des trous et les parents nous expliquent qu’il n’y a jamais eu de traction, illustre la spécialiste. Il est important de ne pas trop tirer pendant le démêlage ». Philippe Assouly développe : « Les tresses et les nattes, c’est vraiment très beau, mais elles ne sont pas sans conséquences. Il est impératif que ce ne soit pas tendu sur la zone d’implantation, et surtout, ces coiffures doivent être réalisées à titre exceptionnel, sans qu’il y ait de régularité ». Le docteur tient à souligner qu’ « il faut se faire à cette idée, que la vie est faite de compromis ».

> Les procédés chimiques comme facteurs associés

D’autres pratiques capillaires mal réalisées comme le non respect du protocole d’application du produit défrisant ou une mauvaise pose de lace wigs à la colle peut entraîner une perte de cheveux souvent irréversible. « Dès l’instant où on a une modification de la structure du cheveu, on a un effet toxique sur le cheveu et sur son bulbe, prévient le docteur Assouly. Les cheveux ont une forme et une structure qu’il convient de respecter. Il y a des modes capillaires afro, mais en suivant les modes américanisantes comme les cheveux lisses et tirés, on est certain qu’il y aura des dégâts sur les tempes, les zones antérieures marginales, et une chute de cheveu définitive ». Et de poursuivre : « Cela peut survenir au bout de deux ans de traction. Mais on peut avoir six mois de traction et déjà constater une perte de cheveux ». L’alopécie de traction liée à l’utilisation de produits chimiques (coloration incluse) est dite traumatique. Pour ce type de prestations, il est vivement conseillé de s’en remettre à un coiffeur professionnel qui saura respecter le temps de pose et la méthode d’application des produits défrisants. « Il ne faut surtout pas que le produit défrisant touche la peau, autrement on la brûle. La peau va alors s’épaissir et le follicule pileux va se retrouver dans un environnement complètement congestionné où le sébum aura du mal à ressortir à la surface, signale Gersende Moysan. Cela va freiner aussi la croissance du cheveu puisqu’il ne va pas être irrigué et se nourrir normalement ». Et de compléter : « le défrisage peut passer en sous cutané. Quand on dit qu’il faut l’appliquer à 1 ou 2cm du cuir chevelu, c’est véridique ». Idem pour les lace wigs à la colle, laquelle doit être appliquée en suivant la bonne méthode de pose de la colle dermatologique sur les cheveux, et non sur le front pour ne pas briser la tige capillaire et arracher les petits cheveux. A noter que le passage trop fréquent de la chaleur peut également aggraver le phénomène alopécique. Attention au sèche-cheveux et aux plaques utilisés avec une chaleur trop élevée également.

>>Lire la suite de l’article : partie 2

Le site du Centre Sabouraud

Le site du Centre Clauderer


* « Alopécie par traction », Annales de dermatologie et de vénérologie, (2013 ; 140, 304-314) ; N. Kluger (département de dermatologie, allergologie et vénéréologie, institut de médecine clinique, Université d’Helsinki), B. Cavelier-Balloy (Cabinet d’anatomopathologie, Paris, 19e), et P. Assouly (Centre Sabouraud, Paris, 10e)

Image Une : Naomi Campbell (c) GoffPhotos.comKGC-300100628M7

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