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Défrisants « avec » ou « sans Soude » : info ou Intox ? Un professionnel révèle la vérité

Les défrisants font partie de l’univers capillaire depuis des décennies. Ces produits, que nous pensons bien connaître, sont aujourd’hui au cœur d’une stratégie marketing visant...

Malya de Moncoiffeurafro.fr
defrisage avec ou sans soude
Sommaire de l'article

Les défrisants font partie de l’univers capillaire depuis des décennies. Ces produits, que nous pensons bien connaître, sont aujourd’hui au cœur d’une stratégie marketing visant à rassurer les consommatrices. Les marques multiplient les appellations « défrisage sans soude » ou « défrisage avec soude » pour dédiaboliser ces traitements chimiques. Mais que cachent réellement ces mentions ? Faut-il s’y fier ?

Pour démêler le vrai du faux, nous avons interrogé Taj, coiffeur professionnel et responsable du salon Hairy Taj dans le 3e arrondissement de Paris. Formateur pour la marque Avlon, il nous livre son expertise sur cette question cruciale qui préoccupe de nombreuses femmes aux cheveux afro.

Existe-t-il vraiment des défrisages sans soude ?

La réponse de Taj est sans appel : « Les mentions « défrisages sans soude » ou « avec soude » sont des appellations purement marketing. Tous les défrisants sont à base d’oxyde de sodium, d’hydroxyde. Le terme « sans soude » a été popularisé, vulgarisé, pour calmer les craintes des clientes vis-à-vis du produit.

Cette révélation met en lumière une pratique commerciale trompeuse. Les consommatrices croient choisir entre des produits fondamentalement différents, alors qu’elles ont affaire à des variations du même principe actif.

Le Problème des kits grand public

Taj adopte une position ferme concernant les kits de défrisage disponibles en libre-service : « J’ai une position tranchée et suis totalement contre les défrisants mis à disposition du grand public. L’ensemble des kits de défrisage prêts à l’emploi sont selon moi une hérésie. »

Pourquoi cette opposition ? La raison est simple mais fondamentale : « On ne propose aux clientes que deux (doux, fort) voire trois formules (celle pour enfants étant la pire pour moi), alors qu’aujourd’hui on sait pertinemment qu’il existe une multitude de frisures. »

Cette standardisation pose un véritable problème. Chez Avlon, Taj dispose de treize formules différentes pour s’adapter à chaque type de cheveux. « On n’a pas affaire à un type standard de cheveux, mais à une variété. Sur certaines personnes, on a d’ailleurs plusieurs types de cheveux. »

Pourquoi cette appellation « sans soude » persiste-t-elle ?

Une logique purement commerciale

« Les fabricants qui conçoivent des produits pour le grand public sont dans une logique financière, » explique Taj. « Ils souhaitent faire du chiffre et du volume. Leur but est donc de simplifier à l’extrême des pratiques pour donner l’illusion qu’elles sont à la portée de n’importe qui. »

Cette simplification s’accompagne d’une minimisation des risques : les marques veulent faire croire que leurs produits « ne présentent pas ou peu de risques. » Une approche que Taj qualifie de « non-sens » car « un professionnel doit être qualifié – c’est-à-dire diplômé – pour réaliser cette prestation. »

Les conséquences de cette simplification

« Le fait de simplifier à l’extrême la pratique fait qu’on va d’office créer des problèmes, » met en garde le coiffeur. Cette démarche commerciale compromet la sécurité et l’efficacité du traitement.

Peut-on parler de désinformation ?

Un brouillage des cartes délibéré

Taj n’hésite pas à pointer du doigt les pratiques marketing trompeuses : « Le service marketing des enseignes qui commercialisent ces kits ont brouillé les cartes en usant de dénominations douteuses sur des produits comme ‘défrisages sans soude’. On a fait croire aux clientes que ces produits avaient des forces plus ou moins grandes. »

Le facteur oublié : l’alcalinité

Le véritable enjeu se cache ailleurs : « Parler de ‘soude’ ou de ‘sans soude’ élude un fait méconnu du grand public mais primordial : le taux d’alcalinité (une solution dont le pH est supérieur à 7). »

Cette information cruciale est systématiquement occultée dans la communication grand public. Pourtant, « que les défrisages soient pour enfants, adultes, forts, résistants ou supers, peu importe : ce sont tous des produits alcalins. L’alcalinité a un pH plus ou moins élevé. »

Pourquoi est-ce si important ? « C’est un facteur dont on ne parle jamais. Pourtant il est essentiel, puisqu’il est à l’origine des possibles dégâts sur le cheveu. »

Un problème universel

Taj élargit la problématique : « De la même manière, on crée des dégâts avec les produits de colorations (kits de mèches ou d’éclaircissement de cheveux) disponibles dans les hypermarchés davantage adressés aux cheveux caucasiens. Ceux-ci disposent aussi d’un taux d’alcalinité élevé. »

Le constat est clair : « La famille de produits est différente, mais les problématiques sont communes. Que les cheveux soient caucasiens ou afro, tous peuvent rencontrer des dommages avec ce type de produits. »

Les conseils d’un professionnel

L’importance de l’expertise

Face à ces constats alarmants, Taj délivre un conseil sans équivoque : « Je recommande d’effectuer tous les actes chimiques par des professionnels, des gens qualifiés. C’est une question de bon sens. »

Cette recommandation s’appuie sur un cadre légal strict : « La profession de coiffeur repose sur une législation importante. Il convient d’avoir des connaissances. »

Une réalité à ne pas occulter

« Les produits défrisants ne sont pas inoffensifs. Et doivent être manipulés avec un minimum de connaissances, » insiste le professionnel.

Ce qu’il faut retenir

  1. Tous les défrisants contiennent de la soude : Les appellations « sans soude » relèvent du marketing trompeur
  2. Le pH est le facteur clé : C’est l’alcalinité, non mentionnée sur les emballages, qui détermine les risques
  3. Les kits grand public sont inadaptés : Deux ou trois formules ne peuvent couvrir la diversité des cheveux afro
  4. La personnalisation est essentielle : Chaque chevelure nécessite une approche spécifique
  5. Seuls les professionnels qualifiés devraient manipuler ces produits chimiques

Les révélations de Taj remettent en question une industrie qui privilégie le profit à la sécurité des consommatrices. Derrière les appellations rassurantes se cache une réalité plus complexe où le marketing occulte les véritables enjeux techniques et sanitaires.

Pour préserver la santé de vos cheveux, la solution est claire : privilégiez toujours l’expertise d’un professionnel qualifié plutôt que les promesses séduisantes des kits grand public. Votre chevelure mérite mieux qu’une approche standardisée qui ignore sa spécificité unique.

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